1. Prodigieuses polyphonies

A la Renaissance, l’homme créature s’affranchit de la tutelle de l’église en devenant créateur. Devenu créateur, il devient l’égal. Devenu l’égal, son plaisir devient légitime. Et l’expression de son plaisir, l’expression de son pouvoir.

Il s’ensuit une ivresse de beauté dans laquelle les princes des cours italiennes du 14e au 16e siècle, Médicis de Florence, Sforza de Milan, d’Este de Ferrare, Gonzague de Mantoue, ceux de Venise, Rome et Naples, disputant à l’église le monopole du temps, de la connaissance et des arts, engagent à tour de bras musiciens, architectes, philosophes, peintres, sculpteurs et poètes.

Ceux-ci donnent libre cours à leur imagination. Ils chantent, peignent et écrivent la nature, les mythes grecs et les passions humaines. Avec la Divine Comédie (1310-1315), Dante forge une langue italienne aussi sublime que le latin. On chantera désormais aussi en italien. Sur tous les sujets. Et à plusieurs voix, chacune avec sa propre mélodie. Image sonore de la singularité et de la diversité humaine. Prodigieuses polyphonies.